tu fais beaucoup de sport. Un footing quotidien, du squash, du tennis, du golf, du ski. Dès que tu touches à une nouvelle activité tu te révèles naturellement doué, à condition qu'il n'y ait pas un ballon dans l'équation. D'ailleurs t'as un esprit de compétition très développé et t'es un sacré mauvais perdant. Heureusement, tu perds rarement. + tu pratiques même le yoga, mais tu ne le révèles qu'aux belles demoiselles auprès desquelles tu cherches à jouer la carte du mec sensible non stéréotypé. + les défis t'adores les relever, comme un gamin impatient qui attend le père noël. T'es prêt à aller très loin pour gagner, trop loin parfois. + même si tu passes ta vie à draguer les femme aux longues jambes t'aimes les hommes. C'est indéniable et t'en as conscience, c'est d'ailleurs ça le pire. De savoir. Parfois tu te dis qu'après tout ce n'est pas si grave, tu te laisses aller et tu fermes les yeux le temps d'une soirée, d'une semaine, d'un mois. Mais y'a toujours un moment où tu te réveilles, ou tu le regardes trop longtemps, ou tu commences à te poser des questions. Alors tu paniques et tu détruis tout, sans même te retourner. + t'es un grand amateur de vin, tu connais les meilleures bouteilles et tu as une petite cave dans laquelle tu gardes des trésors qui valent plusieurs milliers de livres. + ton odorat est trop développé, aussi les odeurs fortes t'incommodent rapidement et te font froncer le nez. Tu détestes les gens qui ont eu la main lourde sur le parfum ou qui éventrent des poubelles sur les trottoirs. + t'es allergique au latex, c'est emmerdant mais ça se gère. T'as l'habitude maintenant, alors tu prends tes précautions. D'ailleurs à cause de toi tes subalternes n'ont plus le droit d'avoir des plantes dans leur bureau. + ta famille a eu beaucoup d'influence sur toi : t'es comme eux un  protestant; tu votes républicain et chaque fois que tu vois un mexicain tu l'imagines dealer de drogue ou jardinier. + les gosses t'adorent et c'est réciproque. T'as un feeling avec eux, ton frère dit souvent que c'est parce que t'as à peu près le même âge dans la tête et qu'ils doivent s'en rendre compte. Toi tu sais que c'est juste parce que t'es un mec super et qu'il est jaloux, point barre. + t'as plusieurs trucs dans la vie qui te rendent heureux : les oeufs au petit déjeuner; être sur un bateau au milieu de nulle part; les doigts dans tes cheveux; monter sur le toit des immeubles; les chansons d'Elvis; l'odeur du cuir; t'allonger dans le silence. + t'as un aquarium immense avec des dizaines de poissons à l'intérieur. T'en es super fier et t'as un nom pour chacun d'eux dont tu te souviens sans hésitation. + t'as le sommeil très lourd, toujours, quoiqu'il arrive. Et quand t'as bu, tu ronfles. + tu ne fumes pas et tu ne bois pas de café. Uniquement du thé, comme tout bon anglais qui se respecte. + y'a deux ans tu t'es fait percuter par une mamie en voiture alors que tu rentrais du boulot en vélo. T'aurais jamais dû survivre avec un choc pareil, mais pourtant t'es encore là. Les gens de ta paroisse disent que t'es un miraculé et que tu peux guérir les cas désespérés. Juste parce que la leucémique du deuxième rang a été guérie après t'avoir enlacé pour te souhaiter la bienvenue et que ta voisine dans le coma s'est réveillée après ta visite à l'hôpital. Toi t'y crois pas une seule seconde, parce que si Dieu t'avait dans ses petits papiers il te filerait un coup de main pour remettre de l'ordre dans ta vie. + t'es pas le genre de mec sanguin qui se rue sur le premier qui le regarde de travers. T'es plutôt l'inverse, celui qui hausse rarement le ton et qui se fait insulter sans broncher. Tu souris, ou alors tu frappes mais sans prévenir et sans insister. Juste pour lui faire comprendre qu'il aurait mieux fait de la fermer. + t'as reçu une bonne éducation, t'es le genre de con qui ouvre encore la porte de la voiture aux femmes, qui tire la chaise au restaurant et qui paie l'addition quoiqu'il arrive.



T'es le genre de garçon qui a grandi dans l'opulence. Tu ce que tu veux, tu l'as toujours eu, juste en claquant des doigts. T'as connu une vie facile, des gens pour s'occuper de tout à ta place et des parents généreux. Alors t'as jamais bougé le petit doigt pour faire quoi que ce soit, et ça t'as rendu légèrement capricieux. T'es pas habitué à faire les choses de toi-même, rien que cuire des pâtes ou te servir d'une machine à laver le linge t'apparaît comme un défi insurmontable. Parce que tu continues à employer les autres à ton service, pour les tâches que tu n'as jamais accomplies. Tu veux des choses, mais tu les as avec tellement de facilité que tu t'en lasses. Des belles voitures, un cheval, un voilier, des femmes, même ton boulot. T'as su qu'il te suffirait de te présenter pour obtenir le poste de responsable des programmes à la bbc, mais maintenant que t'y es tu te rends compte mieux que jamais que ta façon de vivre ne fait pas ton bonheur. Alors tu glandes, tu agis volontairement comme le dernier des crétins pour voir si les gens sont vraiment aussi cons, s'ils sont vraiment capables de garder un incompétent juste parce que papa est actionnaire du groupe. Il semblerait que oui. Toi t'as longtemps cru que si t'avais tout ça c'était simplement parce que tu le méritais, que les gens te souriaient parce que t'étais un type sympa, que les femmes te tombaient dans les bras parce que t'étais un dragueur hors pair au charme irrésistible, que t'avais des stages gratifiants parce que t'étais qualifié. Mais t'as compris dernièrement que tout ça n'est que du vent généré par ta fortune et ton nom. Parce qu'au fond t'es trop capricieux, trop sûr de toi, trop bardé de préjugés, trop intrusif et trop lourd pour que tous ces gens t'apprécient sincèrement. Trop naïf aussi, visiblement. T'es pas méchant, mais parfois qu'est-ce que t'es con. T'aimerais que les gens ne voient pas que le "pullman" collé à ton front, mais t'aimerais aussi changer. Apprendre à te démerder tout seul, à accomplir des trucs pour pouvoir te retourner et dire "c'est moi qui l'ai fait". T'en as vraiment envie mais pour l'instant t'échoue lamentablement à cause de tes vielles habitudes. Chassez le naturel et il revient au galop ...