J'ai vu le jour il y a de cela vingt-cinq ans, j'ai toujours vécu dans une famille peu commune, enfin, famille est encore un bien grand mot pour qualifier ce que représente cette bande de dégénérés à mes yeux, enfin bref, il faut savoir que je suis né avec une cuillère en or dans la bouche, ne vous imaginez pas un seul instant que j'ai grandi dans la joie et l'amour, car il est de notoriété publique que cela ne rime pas toujours avec la richesse, nous devrions tous savoir que ce genre de bonheur n'existe qu'à la télévision. C'est pour cette raison que dès mon plus jeune âge, je me suis donné pour mission d'être heureux, tout simplement et je ne pouvais réellement compter que sur mon ambition dévorante pour y parvenir.

Vous devriez tout d'abord savoir que mon père ne m'a jamais aimé, sans doute que mon visage lui rappelait beaucoup trop celui de ma traînée de mère comme il aimait tant l'appeler, c'est triste, mais le fait est que celle que tout le monde prenait pour ma mère ne l'est en aucun cas, ce n'est qu'une énième épouse de mon père, qui lui est malheureusement lié à moi par le sang. Je n'ai jamais connu ma mère et mon père n'a jamais voulu aborder le sujet, tout ce qu'il a bien voulu me dire à son sujet c'est que « Ce n'était qu'une salope qui est apparu dans ma vie comme par magie et qui s'est enfui aussi sec après t'avoir éjecté de son ventre » voilà l'histoire de ma naissance, un vrai conte fée au yeux d'un enfant, vous vous en doutez.

Les choses n'ont fait qu'empirer une fois l'âge de quatorze ans atteint, j'avais juste l'impression d'être différent d'eux et apparemment je n'étais pas le seul à le penser, mes ''parents'' me regardaient d'une façon étrange sans que je ne sache pourquoi, j'avais comme l'impression qu'ils voyaient en moi quelque chose que j'étais incapable de voir... Mais passons, depuis mes cinq ans, je suivais des cours particulier de peinture, ma plus grande passion, même si je dépendais de l'argent sale de "papa" pour financer mes cours, ça ne me dérangeait pas tellement, parce que j'avais la certitude qu'un jour j'arriverai à m'en sortir grâce à mon talent, j'adorais m'enfermer dans ma chambre, les écouteurs dans les oreilles, laissant le rythme de la musique résonner dans ma tête pour attiser mon inspiration et la laisser s'exprimer sur une toile blanche. Mes parents n'avaient certainement pas envisagé le fait que je préférerais faire ça de ma vie plutôt que de me lancer dans les affaires familiales. Ce n'était malheureusement pas le principal problème, mes cousins commençaient déjà à ramener des copines chez eux et les plus âgés d'entre eux finirent par se marier peu à peu, je me souviens encore du premier mariage auquel j'ai assisté, celui de mon cousin germain, alors que je n'étais âgé que de quinze ans et lui de vingt. Sauf que c'est à peu près à cette période que je me suis rendu compte que je n'aimais pas les filles ...

La suite, on peut facilement la deviner. J'ai eu la naïveté de penser que l'homme d'affaire corrompu qui me servait de père aurait été capable de m'accepter tel que j'étais, mais dès lors que le mot fut prononcé « ... gay » je n'ai plus eu de père, de pseudo-mère, de frères... je n'ai plus eu de famille.

La voilà ma vie en fait, il n'y en a pas grand-chose à dire. Je ne suis pas monsieur tout le monde, mais je ne suis pas pour autant le genre de type qui vit une nouvelle péripétie chaque matin. Je suis né et j'ai grandi à Londres, le truc classique: grande famille, grande maison, tellement fric qu'on savait plus trop quoi en faire. Des parents assez particuliers: elle, a toujours un sourire hypocrite peint sur le visage en toute circonstance tandis que, lui, a toujours une petite pouf de l'âge de ma petite sœur prête à lui faire le grand écart.

Mes frères, pas la peine d'en parler, parcontre, j'ai oublié ma petite sœur, pourtant c'est le seul membre de cette famille avec lequel je veuille encore être rattaché. Ma petite sœur, c'est un vrai rayon de soleil, une pile électrique, le genre de fille tellement marquée par la période Twilight qu'elle court après le prince charmant comme une abeille après une fleur. J'exagère peut-être un peu, on pourra lui reprocher ce qu'on veut, elle reste adorable comme fille et beaucoup plus intelligente qu'on ne le croirait au premier abord.

Enfin bref, pour en revenir à ma misérable personne, je suis gay, les spectateurs de mon émission ne le savent pas tous, pourtant je ne cherche absolument pas à le cacher.

Je me suis trouvé un petit loft bien situé, au calme tout en restant proche des studios de télévision. Ah oui, c'est vrai, je suis un des animateurs les plus en vue du Royaume-Uni, pas de quoi en faire un fromage, je suis assez épanoui dans mon métier, j'ai toujours voulu bosser dans les médias à défaut de pas être une grand peintre à l'âme torturé, c'est pour cela d'ailleurs que j'ai étudié le journalisme à Oxford et fréquenté l'Ecole des médias en France.

Bref, je vous le disais, rien de bien intéressant. Dîtes-vous qu'encore, je vous épargne mes innombrables déceptions amoureuses.