he has burst like the music of angels ♔ Il ferme les yeux. La vie est belle. Elle est censée être belle la vie quand on a quinze ans, non? Pas noire. Tu devrais avoir encore de l'espoir. Mais il ne sait pas au fond, vraiment quoi faire. Alors il laisse ses yeux se fermer, et ses lèvres aussi, autour de sons, de notes. Les seules choses qui le font encore vibrer. Bien entendu, il y a ses soeurs à Wren. Trois, toutes plus vieilles que lui. Prêtes à partir du cocon familial. L'une est d'ailleurs partie étudier à Dublin. Mais elle reviendra bientôt. Elles ne comptent pas partir. Ni Andrea, ni Lise, ni Eleanor. Lui par contre, a des envies d'ailleurs. Pas bien loin, certes, mais assez pour simplement être libre. Réaliser ces rêves aussi. Mais tout semble noir.
Et sa langue enveloppe des sons familiers. Bernstein. Paroles de Sondheim. Something's Coming. West Side Story. Dans la noirceur, il se laisse emporter, les yeux clos. Et il imagine un monde nouveau, un monde réel ou ces choses serait là. Ou ce teenage blues n'aurait jamais existé. Sa respiration est contrôlée, il n'hésite pas. Il se connait, et il veut chanter. jouer. Danser. Il le fera un jour. Il l'espère. Ses parents le supporteront il l'ont promis. Ses soeurs sont excitées. Il n'aura jamais d'étoile sur hollywood boulevard. Il n'en veut pas. Tout ce qu'il veut c'est ce rendez-vous avec une scène, chaque soir, comme celle qui l'imagine dans ce noir, derrière ses paupières.
Applaudissements. Et quand il ouvre les yeux, il est là. Il ne l'a jamais vu avant. Mais il est là. Et cette fois, les applaudissements ne sont pas juste dans sa tête.

the light of the sun ♔ Le noir s'est eclipsé, quand il s'était usé à tout éclipser. Tout n'est qu'un secret, mais il ne peut s'empêcher d'être heureux. D'être amoureux. Bien sûr, il ne peut en dire un mot à ses parents. Il lui a fait promettre. Et la valse continue, depuis presque une année. Pourtant, malgré les suppliques, Wren est heureux. Plus que tout. Plus que jamais. Il a trouvé sa place. Et ces encouragements qu'il lui prodigue, il les entend, comme il n'a jamais entendu ceux de ses parents. Ceux de ses soeurs.
Il sera accepté dans une grande école d'art dramatiques. Aura son BFA à Londres, avec les honneurs, pendant qu'il deviendra cuisinier de son côté. Il ne dira rien à ses parents. Il restera dans son placard. Et Wren, lui fermera les yeux, parce qu'il est trop con, trop amoureux. Ca revient au même après tout. Mais un jour, mais bientôt, il sera sur scène.
Et le noir derrière ses paupières n'est plus qu'un vague souvenirs, plus que ces vieilles nuits sans soupirs qu'il n'a plus le temps de ressasser. Car la nuit devrait être pour les rêves, pas pour le noir.

every word that he says is a dagger in me ♔ Il part. La décision est prise. Le placard n'est plus de son histoire. Fini ce soir. Ses parents l'ont renié, peut-être, mais il compte profiter de la vie. De ne plus avoir à se cacher. Les larmes coulent le long des joues de Wren. Il ne brille plus. Il sait qu'il a été trompé. Il s'est qu'on le quitte pour des coups d'un soirs et des sourires. Pour d'autres plus beaux. Multiples. Et on ne peut se battre contre une multiplicité d'ennemis. Pas seul.
Fondu au noir. Il remarque que depuis lui, il n'y a eu personne d'autre. Pas un ami. Pas un sourire. Pas une tromperie. Même sa famille est au second plan. Mais lui, il part. Et Wren garde l'appartement londonien et les yeux baissés.
Plus d'applaudissements quand il finit sans flancher un numéro de tap parfait. Plus d'applaudissements quand une chanson se termine. Et il se prends à fermer les yeux, quand il pouvait les plonger dans d'autre prunelles seulement peu de temps avant.
Son coeur est à ses pieds, mais il a son diplome avec les honneurs qu'il mérite. Un travail immédiatement. Il sourit, rit et brille. Wren est là. Seul contre un monde entier.

find me now, find me here ♔ Seul contre son rêve aussi. Queen's theatre. Il est Enjolras, dans la veste rouge iconique. Il est Enjolras, mourant sur les barricades. Mourant pour sa foi. Il est ce rêve qu'il a toujours voulu avoir. Il est Apollon. Le soleil. Il brille de milles feux. Et il sourit pour ses parents et ses soeurs. Son beau-frère, ses deux neveux. Il sourit pour lui-même aussi, en sortant, signant des autographes, pour ne pas perdre la face.
Il est fier de ce chemin qu'il a parcouru. Il est fier de tout ceci. Mais son coeur est toujours en morceaux. Morceaux éparpillés, sur le sol de son appartement. Et partout dans Londres, avec d'autres, amants d'une semaine, d'un mois, partis trop vite.
Mais il brille. Et il est fier de lui. De ce qu'il fait chaque soir, chaque nuit. De ces amis. De cet équilibre qu'il tente de se convaincre qu'il a trouvé. De son sourire qui essaie d'avoir l'air aussi vrai que possible, sans même plus qu'il y pense.
Il est fier de tout ca, bien qu'il ne rêve que d'une chose.
Voir lui-même comme il brille. Oublier la nuit derrière ses yeux et de nouveau pouvoir les ouvrir à quelqu'un. Se voir lui-même au travers d'autres yeux.
Ne plus être aussi vide.

Mais peut-être aussi, cette fois, ne pas s'oublier complètement. C'est là son vice. Vertu poussée à l'extrême.

Se donner tout entier.

A lui.
A son public.
A sa famille
A lui.
A son rôle.
A lui.
A un autre, espéré.